Friches, vacants, délaissés... Donner du sens aux interstices urbains : retour sur les résultats d'une enquête réalisée auprès d'habitants de l'agglomération paloise
Eva Bigando  1@  
1 : PASSAGES
UMR CNRS 5319

Dans le processus de fabrication de la ville, à la production de l'espace bâti co-existe la production d'espaces interstitiels, non bâtis, correspondant le plus souvent à des vides urbains, des espaces délaissés, des zones abandonnées... Dans un contexte d'appel à la densification urbaine, ces espaces questionnent quant à leur sens dans l'espace urbain. Quels que soient les noms qui leur sont donnés (friches urbaines, vacants, délaissés, dents creuses, interstices...), quelle place occupent-ils dans la ville et dans l'imaginaire ou la réalité des pratiques citadines ?

Ces questionnements sont ceux d'un programme de recherche mené pendant deux ans sur l'agglomération paloise (« Les ressources paysagères des interstices urbains dans l'agglomération paloise : la ville fonctionnelle en quête de nouveaux horizons », UMR Passages, CNRS/UPPA[i]). La particularité de ce programme de recherche était de s'intéresser à ces espaces interstitiels constitutifs du tissu urbain, en faisant émerger leur rôle dans l'espace urbain et en considérant leur potentiel de paysagéité afin de les constituer en tant que ressource pour en faire des lieux porteurs de valorisation et d'appropriation.

Dans le cadre de ce programme de recherche, une enquête photographique a été réalisée auprès d'habitants de l'agglomération paloise pour tenter de comprendre les images que véhiculent ces lieux ou non lieux de la ville en s'intéressant à la fois aux représentations et aux pratiques et usages dont ils sont porteurs. Pour la réalisation de cette enquête photographique (inspirée de la technique de la photo elicitation interview[ii]), il a été demandé à chaque personne interrogée de produire des photographies des interstices constitutifs de son paysage quotidien et de les présenter ensuite lors d'un entretien individuel. Conduite sur la base des discours et clichés ainsi recueillis, l'analyse a permis de faire émerger une caractérisation des différents types d'espaces interstitiels photographiés, la manière dont ils sont conçus/perçus/ressentis (connotation positive/négative, éléments valorisés et dépréciés, types d'affects et symboliques associés, rapport à la question de la nature...), la place qu'occupent ces espaces dans la vision que les habitants ont de la ville et de son expérience, les éventuels usages et pratiques qui les caractérisent qu'ils soient réels ou imaginés, la manière dont ils conçoivent l'avenir de ces espaces (évolutions supposées et/ou souhaitées) et les enjeux urbanistiques associés.

L'objectif de cette communication est de présenter les principaux résultats de cette enquête, lesquels sont susceptibles d'alimenter les questionnements relatifs aux trois axes du colloque.


[i] Université de Pau et des Pays de l'Adour

[ii] Cf. Bigando Eva, « De l'usage de la photo elicitation interview pour appréhender les paysages du quotidien : retour sur une méthode productrice d'une réflexivité habitante », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Politique, Culture, Représentations, document 645, mis en ligne le 17 mai 2013. URL : http://journals.openedition.org/cybergeo/25919 ; DOI : 10.4000/cybergeo.25919



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