L'urbanisation induit d'une part, une destruction et d'autre part une fragmentation des espaces naturels. Les friches urbaines sont le résultat de diverses dynamiques urbaines communément observées, comme l'abandon d'activités industrielles et la déprise agricole ; elles restent sans usage officiel plus ou moins longuement, en fonction des projets urbains. Durant ce temps de veille, les friches urbaines peuvent accueillir une biodiversité importante et sont considérées comme de potentiels nouveaux écosystèmes urbains. Elles sont de ce fait depuis quelques années un objet d'étude à part entière en écologie urbaine, notamment pour étudier de quelle manière le milieu urbain influence la diversité des communautés floristiques (aussi bien taxonomiques que fonctionnelles). Par ailleurs, les friches urbaines sont des espaces intéressants pour comprendre les dynamiques non seulement spatiales, mais également temporelles des communautés végétales présentes, car elles résultent de dynamiques de gestion et d'aménagement passées et peuvent représenter de vastes espaces dans les villes.
A travers l'étude de 179 friches urbaines dans les agglomérations de Tours et de Blois, nous cherchons d'une part à retracer les dynamiques d'apparition des friches selon les mutations urbaines à travers une analyse diachronique révélant l'histoire des friches, d'autre part à analyser l'influence respective du milieu urbain actuel et des héritages urbains sur les communautés végétales, à différentes échelles spatiales (variables locales et paysagères du milieu urbain aux échelles de la friche, de son quartier environnant et de la zone urbaine). La caractérisation des trajectoires des friches et de leur environnement immédiat au sein des mutations urbaines nous permet ainsi de comparer l'influence historique de l'influence actuelle des conditions urbaines (locales et paysagères) sur la diversité taxonomique et fonctionnelle des communautés végétales.
L'étude des communautés végétales nous a permis de mettre en évidence une grande diversité de situations menant à l'apparition de friches et de classer les friches selon des groupes d'évolution, révélant les diverses modalités de mutations de la ville depuis les années 1970 (abandon de terres agricoles, espaces naturels progressivement enclavés dans le tissu urbain et, plus récemment, démolition du bâti dans le cadre d'un renouvellement urbain). Nos résultats montrent que les friches constituent un réservoir de biodiversité urbaine, plus de 500 espèces végétales y trouvant refuge. Nous avons également montré qu'aussi bien les variables d'héritage que les variables actuelles décrivant le milieu urbain influencent la diversité des communautés floristiques présentes, aussi bien en termes d'identité des espèces (diversité taxonomique) qu'en termes de caractéristiques biologiques (diversité fonctionnelle).