L'ancienne décharge municipale de la Prairie de Mauves (Nantes, France), située en bord de Loire, fait partie du maillage territorial complexe reliant le quartier de Doulon-Gohards à la Loire. Ce quartier fait l'objet d'un projet d'aménagement concerté pour lequel la question, pour les habitants, de pouvoir bénéficier d'espaces naturels préservés et valorisés se pose avec acuité, du fait de l'existence de zones humides et de la Loire.
Zone de transition entre un quartier d'habitation ancien et une zone Natura 2000 associée à la Loire, la décharge de la Prairie de Mauves est une installation classée pour la protection de l'environnement (ICPE) ayant accueilli en l'espace de 20 années successives (1967 - 1987), des déchets de nature variée (ordures ménagères, déchets verts, gravats, déchets hospitaliers et probablement déchets industriels). Cette décharge, après mise en place d'une couverture de matériaux inertes plus ou moins argileux, laisse place aujourd'hui à une friche, comportant les stigmates de l'activité passée mais aussi des zones recolonisées par une végétation très diversifiée, de façon très hétérogène selon la nature des sols.
La décharge et son environnement amont-aval font l'objet d'un suivi environnemental de la qualité des eaux de surface et souterraines d'un point de vue réglementaire et dans un objectif de recherche dans le cadre de l'ONEVU (Observatoire Nantais des Environnements Urbains, IRSTV Nantes). Face au constat d'isolement de la décharge, et à un questionnement sur la perception que les riverains en ont, les futurs usagers ont été interrogés sur le devenir de la Prairie de Mauves, dans le cadre du projet d'aménagement global, en particulier sur la manière dont ils sont susceptibles de s'approprier cet espace et les freins à cette appropriation.
La décharge de Mauves forme le point de focalisation de perception de risques bien identifiés et signalés. Les occupations illicites du territoire génèrent un sentiment d'insécurité, nourri par une cohabitation jugée difficile avec les différentes catégories de population présentes, ainsi que par le sentiment d'abandon du territoire par les pouvoirs publics. La seconde catégorie de risques perçus est de nature environnementale. La pollution des eaux, des sols de l'ancienne décharge et de l'air, des dépôts sauvages ou encore des nuisances sonores liées à la circulation automobile ou ferroviaire sont évoquées. Des risques naturels tels que les inondations et l'instabilité des sols sont également mis en avant.
Cette situation semble créer un sentiment de ségrégation sociale, résidentielle et spatiale, principalement ancré sur les inégalités sociales et écologiques mises en avant et vécues par les habitants. Les populations actuelles ont développé une perception dégradée de leur quartier. Cette perception est cependant associée à l'identification d'atouts pour un réaménagement du site donnant toute sa place à la nature en ville et tournée vers la Loire.