Résumés des communications et posters > Par auteur > Espejo Zeballos Stephanie

Dans les deux dernières décennies, nous avons observé que la recherche sur les friches, les vides urbains, et les interstices urbains s'est développée. Des travaux de recherche dans différents domaines se sont focalisés sur les usages éphémères ou artistiques de ces espaces (Antonioli M.). D'autres se sont intéressés à leur investissement et leur utilisation comme jardins partagés ou pour de l'agriculture urbaine (Demailly K.). Cependant, l'habitat temporaire représenté par les bidonvilles a été plus largement étudié selon un axe sociologique, ethnographique ou anthropologique (Cousin et al). Nous nous demandons donc ici s'il est possible de cartographier ces usages si éphémères et si changeants. Existe-t-il un usage qui dépasse cette barrière de la temporalité ? La cartographie est-elle un moyen clair de représenter ces usages éphémères ? Et comment enquêter sur ce même sujet ?

Nous avons observé les interstices urbains pendant trois ans lors d'une recherche doctorale encore en cours. La réalisation d'une cartographie des interstices peut mener à des résultats très intéressants mais reste un projet difficile à entreprendre. La représentation cartographique des « espaces résiduels », « espaces blancs », « vides urbains », ou « interstices urbains » a été entreprise sous différentes formes. En effet, nous avons construit une méthode qui a évoluée au fur et à mesure de changements dans l'espace. D'abord, nous avons réalisé une première étape d'arpentage et d'observation inspirée de la méthode empirique d'Iain Sinclair à Londres, ou de celle de Philippe Vasset à Paris. Ensuite, nous avons réalisé une caractérisation des interstices et une première carte pour révéler leurs différents usages. Cette caractérisation prend en compte certains points utilisés pour réaliser les atlas éclectiques de Stefano Boeri. Ainsi, nous avons constaté entre autre que le principal usage des interstices est l'habitat éphémère ou temporaire.

Cette évolution de l'habitat a été suivie pendant deux ans. Pour accomplir cette recherche empirique, nous avons réalisé des parcours d'observation avec un suivi photographique des interstices, et une analyse des images satellitaires. Nous avons finalisé par une période d'entretiens semi-directifs aux occupants des interstices.

Cette communication cherche à valoriser le rôle de la cartographie sur l'analyse des phénomènes urbains. Nous proposerons donc, dans une première partie, la présentation de la caractérisation des interstices urbains à Lille. Cet inventaire nous aidera à comprendre les raisons de l'occupation, de l'abandon ou de la reconversion de certains interstices. Ensuite, dans une deuxième partie nous nous concentrerons sur l'évolution de l'occupation de ces interstices, utilisés comme habitat temporaire. La cartographie réalisée nous confirmera que cet habitat reste temporaire à cause des déplacements forcés. De plus, cette cartographie nous aidera à comprendre les politiques publiques d'invisibilisation des occupations par les personnes en grande précarité.