Les espaces urbains intègrent de grandes surfaces d'espaces soumis à des gestions très faibles à nulle, qui constituent des potentialités importantes pour la biodiversité de ces territoires. L'hétérogénéité de l'habitat a une influence bien connue sur la richesse des espèces végétales dans les contextes urbains, mais une meilleure compréhension des processus écologiques à l'échelle du paysage reste nécessaire. De nombreuses études se sont concentrées sur la végétation forestière tandis que les habitats herbacés ont reçu moins d'attention bien qu'ils constituent une partie importante de l'infrastructure verte à l'interface urbain-rural.
Les objectifs de cette étude sont d'évaluer la diversité végétale de différents types d'habitats prairiaux ordinaires (friches herbacées, prairies permanentes agricoles, bords de routes, espaces verts extensifs) et d'analyser l'influence des variables paysagères sur la richesse et la composition des espèces. L'étude a été menée dans trois villes du nord-ouest de la France, où 97 paysages d'une superficie de 1 km² ont été sélectionnés pour maximiser la variation à la fois du degré d'urbanisation et de la connectivité des habitats herbacés. Les données sur l'abondance de toutes les espèces végétales ont été recueillies dans 388 quadrats. Ces habitats herbacés abritent une grande diversité végétale (298 espèces au total) mais finalement relativement peu d'espèces exotiques (seulement 13 espèces). Bien que la richesse totale en espèces reste constante le long du gradient urbain-rural, ce facteur influence significativement la composition des espèces. Les assemblages d'espèces végétales n'ont pas de relation forte avec la connectivité des habitats herbacés. Les quatre types d'espaces herbacés partagent un large fond commun d'espèces, traduisant de fortes similitudes entre ces milieux. Les bords de routes et les espaces de friches présentent la plus grande diversité, et des différences de compositions spécifiques ont pu être identifiées entre ces 4 types d'espaces reflétant pour partie leur spécificité.
Ces travaux ont donc pu montrer que ces espaces herbacés, même en friche, sont faiblement colonisés par des espèces exotiques, ce qui peut être discuté au regard des trajectoires des milieux. Nous concluons que la préservation de l'espace non bâti dans les zones urbaines, et en particulier d'espaces soumis à des gestions extensives, peut être plus efficace que l'amélioration de la connectivité de l'habitat pour renforcer la biodiversité en contextes urbains et périurbains.